Je me confesse : je ne connais rien à la danse contemporaine.

Je me confesse (bis) : je ne connais rien à la danse contemporaine et je vis très bien avec ça,
merci.

Je suis donc allée voir « S’envoler » sans avoir aucune attente précise.
Je suis sortie de « S’envoler » exactement dans le même état, neutre.

Je cherchais peut-être trop la trame, les émotions, les explications cachées derrière les
mouvements, les acrobaties, les pirouettes, l’eau qui giclait et les bottes qui crissaient.
J’attendais peut-être trop l’éclair, l’illumination, comme l’a dit une amie, le climax. Or, il n’est
jamais venu – à mes yeux, du moins.

Je ne crois pas être une personne cérébrale – loin de là. Je m’attendais peut-être trop à être
bouleversée, à être happée par la beauté de la danse et des corps et de la musique et du
moment. Je ne sais pas.

Je ne crois pas être en mesure d’analyser de manière très concrète et pertinente le spectacle
vu hier soir. D’abord parce que je sens que je ne maîtrise pas suffisamment le sujet (et le
vocabulaire associé), mais surtout parce qu’il semble que je sois passée à côté de quelque
chose involontairement.

Quelques impressions et notes éparses :

Il y avait dans « S’envoler » quelque chose d’organique, d’animal. D’abord dans la musique
et les sons – bruits ? – qui enveloppaient le spectacle. Un petit quelque chose du criquet, des
croassements, des jacassements d’oiseaux.

Je n’ai pas compris la démarche artistique derrière le projet. J’ai tenté d’être le moins
possible influencée par l’analyse thématique faite par Étienne, car de toute façon, je n’arrivais
absolument pas à voir la dualité et blabla. J’ai donc abandonné le projet de comprendre le
spectacle, d’être transcendée par les danseurs, etc.

Il m’a plutôt semblé que la bestialité humaine était à l’honneur tout au long de la
représentation. Montrée de manière tantôt subtile (tant dans les mouvements saccadés, les
mouvements libres qui semblaient provenir directement du département des pulsions), tantôt
de manière presque grossière (l’utilisation du masque du loup…que je n’ai pas compris…ni
durant le spectacle, ni après une nuit de repos).

Esthétiquement parlant, je n’ai aucune idée de quoi ont l’air des spectacles de danse
contemporaine habituellement. Cependant, j’ai trouvé que la recherche esthétique n’était
pas très grande – voire inexistante. Le jeu de lumière sur les pendrillons au tout début
semblait élargir la salle, lui donner une profondeur insoupçonnée, mais cela ne durait pas.
L’absence de décor était prévisible, mais je ne crois pas avoir saisi toute la signification
des costumes. Les vêtements chics, les vêtements quelque peu bohèmes, les souliers, les
bas, les couleurs ; je n’ai rien saisi de la recherche esthétique. Cela m’a conforté dans ma
compréhension du thème de la bestialité humaine, comme s’ils étaient des gens comme vous
et moi à qui l’on a dit allez-y, montez sur cette scène et lâchez-vous, vous pouvez faire ce que vous voulez !

Une impression de gros bordel organisé – mais pas tant que ça.

J’imagine que l’on peut voir dans les figures de groupe et dans les solos une certaine quête
individuelle, peut-être de l’acception de soi. Je suis comme cela, je fais ce que je veux, voilà.
Les danseurs semblaient très proches, unis, protecteurs.

Vous ne serez pas surpris de lire que je n’ai pas réellement compris la démarche artistique non
plus. Je suis peut-être de la vieille école mais tout au long du spectacle, j’ai cherché les
intentions derrière chacun des mouvements, ce qui les motivait. C’est un réflex tout à fait
théâtral que de chercher cela, pour éliminer le faux du vrai, voir si les personnages sont bien
construits ou si ce n’est qu’un enchaînement de pas et de gestes placés et calculés par une
tierce personne. Or, je n’ai pas pu y arriver avec « S’envoler ». Est-ce le propre de la danse
contemporaine ? Je n’en sais rien.

Et comme je l’ai mentionné précédemment, je ne suis pas certaine de vouloir réellement le
savoir.

Somme toute, je suis assez neutre face à tout cela. J’attends avec impatience la venue
d’Estelle Clareton au cours de lundi prochain, peut-être que les discussions amélioreront ma
compréhension et mon amour de la danse.

…ou peut-être pas.