J’emprunte à Jarry tous les titres jusqu’ici utilisés sur ce blog.
Moments accidentels.
C’est dans un cours de littérature que j’ai découvert ce terme que le dramaturge a glissé dans son célèbre article, publié au Mercure de France en septembre 1896, titré comme ce premier article sur mon carnet de bord virtuel.
Après tout, qu’est-ce le théâtre si ce n’est que ça, une succession de moments accidentels ? La cohésion d’éclats, d’inspiration, d’erreurs, de tâtonnements. Façonner un monde avec des mots jetés sur un papier, prétendre pouvoir faire vivre des hommes et des femmes qui existent en chacun de nous, les rendre avec justesse, émotion.
C’est probablement pour cette raison que je me suis tournée vers le théâtre quand la littérature n’a plus su nourrir mon imaginaire. Avec le théâtre, les frontières sont uniquement celles que nous nous imposons. Au-delà de nos propres capacités, la portée des voix théâtrales se perpétue sans cesse.
De l’inutilité du théâtre…
Vraiment? Le théâtre est-il inutile? Je me dispute souvent avec un ami à ce propos. Le théâtre est-il un art élitiste, réservé seulement à un cercle sélect et serré d’initiés qu’il est difficile d’intégrer? Ou alors peut-il prétendre avoir conservé sa dimension sociale, rassembleuse, populaire?
…Au théâtre.
Je ne saurai m’en passer. C’est aussi simple que ça. À la question pourquoi étudiez-vous le théâtre?, il me brûle de répondre parce que je ne saurai en faire autrement – et ce n’est pas faute d’avoir essayé. Ce n’est pas une réponse très élaborée, mais elle a le mérite d’être franche. Tenter de dresser la liste exhaustive de ce qui m’attire dans le milieu théâtral est fastidieux. L’amour des mots, de la scène, mon trop-plein d’émotion continuel, peut-être même (sans doute!) l’égocentrisme obligé des aspirants comédiens, le désir d’innover, d’aller plus loin, de créer des univers uniques, intemporels, marquants. Et le ludisme, également. Jouer. Écrire. Mettre en scène. Créer. Faire de ces «passe-temps» ma vie.
Que contiendra ce carnet virtuel ?
Notes de lectures, impressions suite à des spectacles, notes de cours (pourquoi pas ?), réflexions. J’essayerai de nourrir cet espace quotidiennement – je l’espère! – pour enrichir mon parcours en Études théâtrales.
Rideaux ?
Amélie,
J’ai envie de vous répondre en une espèce de stichomythie, même si celle-ci n’est pas «vers-pour-vers» ou «mot-pour-mot». Quelle entrée en matière nuancée et quelle position de recherche sentie autant que réfléchie. Affirmée, surtout. Il fait plaisir de vous lire, et de voir que le cercle des irréductibles et ardents défenseurs de Jarry, de Faustroll et de sa ‘Pataphysique s’enorgueillit de voix nouvelles et incisives.
De l’inutilité, j’aurais envie de vous proposer cette citation de Samuel Taylor Coleridge, à laquelle je finis toujours par revenir… hanté.
«…to transfer from our inward nature a human interest and a semblance of truth sufficient to procure for these shadows of imagination that willing suspension of disbelief for the moment, which constitutes poetic faith.»
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Shadows of imagination… suspension of disbelief… poetic faith…
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Quelles belles utopies. Peut-être inutiles. Peut-être. Inutiles.
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Mais si nécessaires.
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Je développe tout particulièrement déjà petite expectative à l’idée de vous lire.
ÉF
Excellent!
J’avais mis sur pied un blogue aussi dans le cadre d’un cours d’informatique au cégep et ça avait impressionné le prof et j’avais eu 100%.
C’est un travail qui demande du temps et de la rigueur mais quand on aime écrire… 😉